Droits en santé sexuelle et reproductive au Cameroun

Un taux très élevé de décès maternel lié aux avortements clandestins.

Les questions de SSR en Afrique en générale et au Cameroun en particulier restent une préoccupation majeure en santé publique et doivent interpeler non seulement les communautés à l’échelle internationale et nationale mais aussi les acteurs des politiques de santé, afin de trouver des solutions idoines pour assurer le bien-être des populations.

L’avortement clandestin constitue l’une des principales causes évitables de décès maternel et de morbidité. Environ 73 millions d’avortements provoqués ont lieu chaque année dans le monde avec 35 avortements pour 1000 femmes de 15 à 44 ans ; 6 grossesses non désirées sur 10 (61 %) et 3 grossesses sur 10 (29%) se sont terminées par un avortement provoqué (OMS 2020). Le taux de mortalité maternelle est encore très élevé au Cameroun avec 406 décès pour 10000 naissances vivantes (EDS V, 2012- 2018), les complications liées aux avortements clandestins ont un apport contributif de 13% la classant comme la troisième cause de mortalité maternelle derrière les hémorragies et les infections.

Un avortement clandestin* se définit par une interruption volontaire de grossesse à partir de 28 semaines après la date des dernières règles (DDR) et se pratique dans un environnement non médicalisé ; Il est également appelé « avortement à risque ou avortement non sécurisé » de ce fait et conduit à la survenue de plusieurs complications parmi lesquelles : les hémorragies, les lacérations cervicales, l’infertilité, le décès.

Le Cadre juridique et légal de l’avortement autorisé

Bien que les moyens et méthodes sont misent en place par les politiques de santé nationales** pour répondre aux besoins des populations en matière de SSR, fort est de constater le silence assourdissant face aux questions relatives à l’avortement. Les lois qui encadrent ces politiques sante restent restrictives et n’autorisent l’avortement qu’en cas exceptionnels tels que :

  • le cas d’une grossesse résultant d’un viol,

  • le cas d’un danger grave pour la santé de la mère (Art. 339 code pénal Camerounais).

Cette dérogation contenue dans la Loi Camerounaise met en lumière l’avortement sécurisé et thérapeutique, rappelant ainsi dans l’article 14 du protocole de Maputo dont l’alinéa 2.C engage les états à « protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé » ; préservant ainsi la santé maternelle. Ce Protocole a été ratifié le 28 Mai 2009 par le Cameroun.

Quel niveau de prévalence de l’avortement clandestin ?

Le niveau de prévalence actuel de l’avortement clandestin au Cameroun est peu documenté ; ce qui rend difficile l’appréciation de cette pratique ainsi que son retentissement au sein de la communauté. La dernière enquête démographique et de santé (EDS) en date au Cameroun, réalisée en 2018 ne fournit pas d’indication sur l’ampleur de la pratique de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Malgré le défi que présente la collecte quantitative et qualitative des données sur les avortements clandestins plusieurs communautés de la société civile se sont constituées en un vaste réseau de lutte contre les avortements clandestins et ont porté le plaidoyer pour un avortement sécurisé pour ainsi réduire le taux de mortalité maternelle lié aux avortements à risque.

“Etat des lieux de l’avortement dans le monde”  Mémoire soutenu par Océane Bailleul, Ecole de sages-femmes du CHU de Lille - Année 2020-2021 http://cosf59.fr/wpcontent/uploads/2021/06/Memoire-redige-1.pdf

Le présent article s’inscrit comme une vitrine qui jette un droit de regard sur ce fléau social et problème de santé publique d’importance que sont les avortements clandestins. Le tableau sombre que présentent ses complications inscrit en hausse le taux de décès maternels au Cameroun. Les conséquences liées à l’avortement sont des réalités palpables au sein de nos communautés malgré les stratégies en matière de Santé de Reproduction adoptées par les politiques nationales de santé. Il est également une opportunité de plaidoyer pour un accès aux soins et services de santé de reproduction de qualité y compris à l’avortement sécurisé au Cameroun.

“Etat des lieux de l’avortement dans le monde”, Mémoire soutenu par Océane Bailleul, Ecole de sages-femmes du CHU de Lille - Année 2020-2021 http://cosf59.fr/wp-content/uploads/2021/06/Memoire-redige-1.pdf

Quelles solutions sont envisageables au plan social ?

Il est important de prendre conscience de ce problème et de prendre des mesures pour le résoudre. Nous devons plaider pour un accès aux soins et services de santé de reproduction de qualité, y compris à l'avortement sécurisé. Nous devons également sensibiliser les femmes aux risques de l'avortement clandestin et les aider à prendre des décisions éclairées.

Nous devons agir maintenant pour mettre fin à ce fléau social et problème de santé publique. Nous devons travailler ensemble pour garantir que toutes les femmes camerounaises aient accès à des soins de santé de qualité, y compris à l'avortement sécurisé.

Voici quelques actions que vous pouvez entreprendre pour aider à résoudre le problème de l'avortement clandestin au Cameroun :

  • Parlez à vos amis et à votre famille de l'avortement clandestin et de ses risques.

  • Soutenez des organisations qui travaillent à fournir des soins de santé de qualité aux femmes camerounaises, y compris à l'avortement sécurisé.

  • Contactez vos élus et demandez-leur de soutenir les politiques qui garantiront que toutes les femmes camerounaises aient accès à des soins de santé de qualité.

Ensemble, nous pouvons mettre fin à ce fléau social et problème de santé publique.

* la définition utilisée en pratique courante dans le contexte camerounais est celle de la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Cameroun (SOGOC). L’OMS quand a elle porte à 22 semaines après la DDR. (OMS, définition d’un avortement)

** (Stratégie Sectorielle de Santé 2016- 2027 ; SND20 / 30 ; Plan Opérationnel de la Santé des Jeunes et des Adolescents au Cameroun 2023-2025 ; document des Normes et Standard de la SR et PF des Adolescents et Jeunes au Cameroun.) et internationales (PROTOCOLE DE MAPUTO 2003)

Suivez Nos Voix Comptent sur les réseaux sociaux et les médias et devenez membre afin d'amplifier les besoins et priorités des filles et femmes d’Afrique subsaharienne francophone.

Par Dr Jessica NGO SECBE, ambassadrice NVC au Cameroun.

Précédent
Précédent

Réduire la fracture numérique en Afrique

Suivant
Suivant

Regardez le webinaire du 28 juillet