Violences basées sur le genre en milieu scolaire à Brazzaville.

La campagne des 16 jours d'ctivisme est l’occasion de réaffirmer notre engagement communautaire à réaliser les ODD 4 (Éducation de qualité), 5 (Egalité entre les sexes) et 10 (Inégalités réduites). En République du Congo aujourd’hui, le milieu scolaire devient le lieu des comportements incompatibles avec l’éthique sociale, occasionnant des violences basées sur le genre dont l’une des conséquences est le décrochage scolaire des adolescentes et des filles.

 

A Brazzaville, les violences basées sur le genre en milieu scolaire augmentent de jour en jour et ont un impact négatif sur la scolarisation des filles. La première étude menée en 2019 et publiée en 2020 par l’UNICEF* sur les violences en milieu scolaire et en ligne en République du Congo, révèle qu’un grand nombre d’adolescent.e.s, en particulier les filles, sont touchés par les violences basées sur le genre. Ces violences se manifestent diversement : les violences verbales, psychologiques, physiques, économiques, sexuelles et numériques, et sont souvent très banalisées. Les résultats de l’étude menée par l’UNICEF sont sans équivoque. On note 78,8% pour les violences verbales et/ou psychologiques ; 37,4% pour les violences physiques ; 33% pour les violences économiques ; 31,1% pour les violences sexuelles et 12,4% pour les violences en ligne.

Les filles sont surtout touchées par les violences sexuelles. Il s’agit spécifiquement du viol, du harcèlement sexuel, du cyber harcèlement sexuel qui s’appliquent entre les élèves eux-mêmes, et des notes sexuellement transmissibles entre enseignants et élèves, entre le personnel administratif et les élèves.

Les résultats de cette étude ont montré que les filles étaient davantage victimes que les garçons : violences verbales et psychologique (75,4% de filles contre 71,8% de garçons) ; violences sexuelles (37,5% de filles contre 20% de garçons) et de violences en ligne (13,5% de filles contre 11% de garçons).

Pour comprendre les logiques qui structurent, rythment et animent ces violences dans l’espace scolaire congolais, voici quelques déterminants et les causes : dysfonctionnements de l’institution scolaire (la crise de la qualité du personnel enseignant, la déchéance morale des enseignants, les effectifs pléthoriques et le manque de sécurisation des établissements scolaires), d’une part, et les pesanteurs sociologiques (le machisme ambiant dans la société, la phallocratie, la relégation au second rang de la femme), d’autre part. Les causes sont également d’ordre environnemental et économique (la pauvreté monétaire des élèves), et politico-juridique (l’impunité des auteurs de violences).

Les violences basées sur le genre en milieu scolaires ont de lourdes conséquences chez les élèves de sexe féminin : le décrochage scolaire, des grossesses précoces, l’exposition aux MST/IST (VIH-SIDA)...etc. 

Pour contribuer à l’éradication de ce phénomène, nous préconisons un certain nombre d’actions :

1-la prévention et la sensibilisation en milieu scolaire
2-la prise en charge des victimes de violences et punir les auteurs
3- la législation et l’adoption des lois, textes et règlements établissant clairement les peines en cas de violences en milieu scolaire
4-l’élaboration et la mise en œuvre de stratégie nationale de lutte contre les violence en milieu scolaire.

Combattre les violences basées sur le genre en milieu scolaire est un enjeu majeur pour l’atteinte des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et un levier important pour l’autonomisation de la jeune fille, qui contribuera à moyen et à long terme à une réelle égalité des sexes et à l’équité des genres.

* UNICEF, Etude sur les violences de genre et les violences en ligne en milieu scolaire, mené en 2019 et publié en 2020

Crépin MADILA
Ambassadeur NVC République du Congo

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