Fête du Travail sous les tropiques : des origines de cette journée, mythe ou réalité?

Lhistoire du 1er mai 

Parmi ceux qui défilent le 1er mai, combien savent qu’ils commémorent la grève sanglante du 3 mai 1886 aux usines McCormick de Chicago (USA), pour l’instauration de la journée de huit heures et le meeting de protestation qui s’en suivit le lendemain à Haymarket au cours duquel une bombe tua huit policiers. Huit anarchistes furent arrêtés, quatre furent pendus, le 11 novembre 1887, avant d’être innocentés puis réhabilités publiquement en 1893.

Les martyrs de Chicago vont faire du 1er Mai un symbole de la lutte des classes et de l’identité du monde ouvrier à partir du congrès socialiste international de Paris de 1889 : il s’agissait de fonder en actes le projet d’une société émancipée, libérée du travail contraint. Alternant les hauts et les bas au fil des années, ce symbole sera tout de même à l’origine des lois sur le repos hebdomadaire en 1906 et des huit heures en 1919, avant de se banaliser après être devenu en 1947 un jour chômé et rémunéré.

De la valeur intrinsèque du travail 

Le travail est donc devenu par essence libérateur […]. Il ne pouvait en être autrement parce que l’origine latine « tripalium » du mot « travail », renvoie généralement à une conception négative de celui-ci : le tripalium étant un instrument de torture, composé de trois pieux et qui servait à punir les esclaves rebelles ou insoumis et à ferrer les chevaux indociles. C’est pourquoi, « tripalium » semble donc bien renvoyer à l’expérience de la contrainte et de la domination.

Ainsi, le travail manuel est, dans l’antiquité, la négation de la personne juridique. Il était l’apanage des esclaves qui travaillent pour le compte de leurs maîtres, utiles pour la cité. Le travail fut physiquement fort pénible. Travailler aujourd’hui est synonyme d’affirmation de soi ; c’est revendiquer sa place et sa présence formelles et asseoir son influence dans la société dans laquelle chaque individu peut espérer trouver une réelle reconnaissance sociale et le sentiment d’être utile à ses semblables.

Au Bénin 

Lundi 1 er mai, Fête du Travail. Elle a été instaurée pour la première fois en 1975. Elle devient en 1990 une fête légale en République du Bénin dans le cadre de la LOI n°90-019 DU 27 JUILLET  1990.

L’histoire de l’Afrique a été marquée par une négation des droits de l’homme avec successivement, l’esclavage et la colonisation ayant instauré le travail forcé. Le Bénin, pays francophone d’Afrique de l’Ouest est, à l’instar des autres pays du continent, historiquement et singulièrement caractérisé par une présence européenne très prononcée, notamment celle de la France, entre le 15ème et le milieu du 20ème siècle. Son histoire juridique est donc liée à l’histoire politique des États européens, particulièrement de l’État français qui l’a colonisé. Si cette histoire juridique comporte les traces d’une importation de modèles continentaux, l’histoire politique, sociale et économique du Bénin revêt des dimensions plus complexes. Au-delà des traits communs que le droit béninois du travail peut partager avec l’ancienne puissance coloniale et par conséquent avec d’autres États d’Afrique subsaharienne, il reste cependant, un droit qui prend de nos jours ses marques. La naissance du droit du travail en Afrique francophone remonte à une date récente, en 1952, avec l’adoption du Code du travail des Territoires d’Outre-Mer (CTOM) qui fut majoritairement une loi d’inspiration métropolitaine. Il contenait toutes les grandes réglementations relatives au travail. Il a été appliqué jusqu’au moment des indépendances.

En accédant à la souveraineté internationale, le Dahomey aujourd’hui le Bénin, comme la plupart des pays africains francophones indépendants, a opté pour la continuité du droit mis en place pendant la période de colonisation, mais avec le vote de lois spécifiques portant réglementation des relations de travail et de la protection sociale des travailleurs. Ancienne colonie française comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, le pays a accédé à son indépendance le 1er août 1960. Cette souveraineté reconnue internationalement, a permis au pays de faire son entrée dans de nombreuses institutions internationales dont l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le 14 décembre 1960.

A la faveur des évènements de la conférence nationale de février 1990 et avec l’option du libéralisme économique auquel le Bénin a souscrit, la loi n° 98-027 du 27 janvier 1998 portant code du travail en République du Bénin a été votée. Ce code actuellement en vigueur a été modifié et complété par la loi n°2017-05 du 29 août 2017 fixant les conditions, la procédure d’embauche de la main-d’œuvre et de résiliation du contrat de travail en République du Bénin. Il a principalement pour objet d’offrir un cadre juridique approprié à l’exécution d’un programme de réforme économique du Bénin et à l’exercice des droits sociaux constitutionnellement reconnus : droit au travail, liberté du travail, liberté d’entreprise, droit de grève, protection contre les licenciements injustifiés ou arbitraires, etc.

Au regard de tout ce qui précède, notre interrogation trouve une réponse positive car le tableau de la situation du travail au Bénin loin d’être reluisant, présente des signes d’efforts louables consentis depuis des générations. Grâce l’Initiative Nos Voix Comptent (NVC), nous Facilitatrices et Facilitateurs du Groupe de Travail 2 / Suivi et Redevabilité, levons le coin de voile au détour de la célébration de la Fête du Travail (1 er Mai 2023), histoire d’amplifier de notre voix de tout ce qui est fait par les autorités béninoises pour offrir aux béninoises et béninois pour impulser une croissance économique soutenue par un travail décent (ODD N°8).  

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Charles AKAMBI, NVC Facilitateur GT2 Suivi et Redevabilité

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