Stigmatisation et discrimination des personnes LGBTQ au Congo

Introduction 

Le 17 Mai de chaque année, le monde célèbre la Journée Mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Cette journée qui a pour but de promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre toutes les violences physiques, morales, symboliques liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre ; n’existe que grâce à la journée du 17 mai 1990 à laquelle l’OMS avait supprimé l’homosexualité de la liste internationale des maladies mentales. Le sigle « LGBTQ» est dès lors utilisé pour qualifier les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans, Queer et intersexes.

Au Congo, un constat a été fait sur les personnes LGBTQ. D’après certaines sources, les personnes LGBTQ sont victimes de discrimination et de stigmatisation ( É.-U. 27 févr. 2014, 26 ; GlobalGayz 21 fév. 2012). En effet, ces personnes souffrent quotidiennement d’actes de violences et de traitement dégradants. Elles sont très souvent victimes de stigmatisation et de discrimination. C’est le cas de Japhet, jeune homosexuel qui a été interpellé et harcelé par des policiers en raison de son orientation sexuelle alors qu’elle rentrait chez lui.

Ainsi, dans les lignes qui suivent, nous aborderons la question de la stigmatisation et de discrimination dont sont victimes les personnes LGBTQ au Congo. 

Etat des lieux de la situation des personnes LGBTQ 

Bien qu’elle ait adhéré aux principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme, la République du Congo ne protège pas les droits sexuels des personnes LGBTQ. Ces personnes ne bénéficient pas d’une protection particulière de la part de l’Etat au regard de leur orientation sexuelle ( Rapport 2014 sur Les Droits de l’Homme, Page 34 ).

La société congolaise cultive encore des préjugés à leur égard. Elles sont alors exposées à des injures et des accusations de tout genre. Souvent, ces personnes sont accablées de problèmes mentaux, de pratiquer des rites occultes ou prises pour individus envoûtés, ou encore traitées d’imitatrices / imitateur des occidentaux.

Causes de la stigmatisation et de la discrimination :

Les causes de cette stigmatisation et de cette discrimination sont nombreuses, nous pouvons citer :

- L’absence des textes juridiques sur les personnes LGBTQ ;

- Le manque de protection des personnes LGBTQ par l’Etat ;

- La mauvaise appréhension de la question de l’orientation sexuelle.

Manifestations : (regards, propos, menaces, intimidations, violences physiques, psychologiques, etc.)

La stigmatisation et la discrimination des personnes LGBTQ au Congo se manifestent par :

- Des propos méprisants et dégradants à l’égard des personnes LGBTQ dans les milieux

(école, quartier, église, entreprise, maison familiale, etc.)

- Des moqueries, insultes, injures à l’endroit de ces personnes ;

- Des menaces et intimidations ;

- Des traitements inhumains ;

- Des violences physiques et psychologiques ;

- Le refus de traitement et des soins médicaux ;

- Etc.

Conséquences de la stigmatisation et la discrimination :

La stigmatisation et la discrimination des personnes LGBTQ ont des véritables conséquences négatives sur ces personnes.

D’abord, elles développent une certaine peur du rejet, d’où elles préfèrent garder le silence sur leur orientation sexuelle. Certaines subissent le traumatisme psychologiquement et émotionnellement et d’autres quittent leur famille et se livrent à la prostitution.

Ensuite, il faut noter que la communauté LGBTQ est exposée aux maladies et infections sexuellement transmissibles. Elle est impactée par les IST et le VIH/SIDA, la vulnérabilité socio-économique et subit un taux de mortalité lié au VIH très élevé.

Brève analyse du cadre juridique portant protection des personnes LGBTQ 

Juridiquement parlant, les lois congolaises sont discriminatoires à l’égard de la communauté LGBTQ. Par exemple, le Code de la famille congolaise en son article 127 définit le mariage comme étant : « L’acte public par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union légale et durable dont les conditions de formation ». Ceci dit, un couple d’homosexuel ne peut pas se marier au Congo car indirectement ce code l’interdit puisqu’il parle du mariage entre homme et femme. Hormis cette loi, aucune autre loi congolaise interdit ou ne pénalise l’homosexualité mais nous constatons que le harcèlement, les agressions, la haine contre les personnes LGBTQ sont toujours omniprésents.

Toutefois, il faut noter que la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes LGBTI en République du Congo porte atteinte aux principes des droits de l’homme énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les personnes LGBTQ sont des êtres humains comme tous les autres et donc méritent de vivre librement et ont les mêmes droits que les autres. Selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en Droit ». Ainsi, les pratiques homophobes exposent ces personnes à des violations des Droits de l’Homme. D’où la nécessité de cesser les actes de violence, de discrimination et de stigmatisation à l’égard de toutes ces personnes LGBTQ victimes en raison de leur orientation et de leur identité de genre.

Conclusion 

En somme, il faut noter que la situation des personnes LGBTQ au Congo n’est pas bonne. Le Congo ne respecte pas ses engagements internationaux en faveur des droits sexuels et reproductifs bien que ces engagements emportent l’obligation juridique et morale pour l’Etat de protéger ces droits.

Nous devons alors inclure ces personnes à travers l’élaboration des politiques adéquates et des textes juridiques protégeant la communauté LGBTQ, évoquer la question de l’orientation sexuelle dans la société congolaise pour que la communauté la comprenne et la tolère mieux. Cela permettra d’éviter que les personnes LGBTQ ne soient exposées à la réprobation sociale et préviendra donc les attitudes homophobes, biphobes et transphobes.  C’est aussi le lieu d’inviter aussi l’Etat à promouvoir et protéger les droits de toutes les personnes sans discrimination. 

Suivez Nos Voix Comptent sur les réseaux sociaux et les médias et devenez membre afin d'amplifier les besoins et priorités des filles et femmes d’Afrique subsaharienne francophone.

par Chandrelle MOUNTOULA NGAMPO, Facilitatrice NVC du Congo

Précédent
Précédent

Cette tâche rouge qui m’a humiliée…

Suivant
Suivant

Fête du Travail sous les tropiques : des origines de cette journée, mythe ou réalité?