La gent féminine: richesse pour la société et pour la famille

Le quotidien pesant de la plupart des femmes

Ma journée au service commence souvent à 07 h 30. Ma prestation au service prend fin à 17 h 30, heure à laquelle je quitte le boulot. Je suis assistante de direction dans une entreprise de la place. Mon chef service n'est pas généralement d'accord avec l'heure à laquelle je quitte le service et murmure continuellement à ce propos. Mais, je n’ai pas le choix que de quitter à cette heure-là puisqu’il faut que je récupère les enfants à l'école. Une fois rentrée, je dois préparer le dîner, aider les enfants dans leurs devoirs et leur donner une douche avant qu’ils aillent dormir. Après, il faut que je me fasse belle pour mon époux, que je lui serve le dîner.

« Il est 4h du matin et l’alarme vient de me réveiller. Après ma prière avec mon mari, je dois balayer la maison, nettoyer le salon et ranger. Ensuite, il faut que je chauffe de l’eau pour mon époux, il aime quand l’eau est bien chaude, d’ailleurs ce dernier s’est recouché. Pendant que l’eau chauffe, je fais le petit déjeuner. Généralement, c'est du café avec des omelettes et du pain. Les enfants eux préfèrent la bouillie ou du jus de fruits. Il faut aussi que je fasse le déjeuner pour mon mari et les enfants. Aujourd’hui, on fera simplement des pattes, j’ai de la sauce, je ferai un mélange.

Une fois le petit déjeuner servi, je vais réveiller les enfants, on en a deux des jumeaux trop beaux, une fille et un garçon qui ont 6 ans. Je dois leur donner leurs bains et les vêtir, pendant qu’ils prennent le petit déjeuner, je me dépêche pour prendre ma douche et m’habiller. Il faut que je me presse pour que mon époux ne parte pas me laisser, il va me déposer pas loin de mon boulot. Ma journée au service commence souvent à 07 h 30. Ma prestation au service prend fin à 17 h 30, heure à laquelle je quitte le boulot. Je suis assistante de direction dans une entreprise de la place. Mon chef service n'est pas généralement d'accord avec l'heure à laquelle je quitte le service et murmure continuellement à ce propos.  Mais, je n’ai pas le choix que de quitter à cette heure-là puisqu’il faut que je récupère les enfants à l'école. Une fois rentrée, je dois préparer le dîner, aider les enfants dans leurs devoirs et leur donner une douche avant qu’ils aillent dormir. Après, il faut que je me fasse belle pour mon époux, que je lui serve le dîner quand il rentre et que je me mette à sa disposition au cas où il aurait envie de moi la nuit. C'est mon rôle de femme. Les week-ends, je dois m'occuper à faire la lessive, à nettoyer la maison, à faire les courses… À la fin du mois, je participe aux charges de la maison. Quand je donne mon salaire à mon mari, il prend ce qu’il faut pour les frais de la maison et il me remet le reste.  C’est un honneur pour moi que mon mari me permette de travailler et de contribuer aux frais de la maison. Ma mère et ma grande mère, elles n’ont pas eu cette chance. Je suis Nafi et c’est un peu ça ma vie. »

Lecture : 23% des individus qui habituellement préparent le repas sont des hommes, 77% sont des femmes

Source : Enquête Activité Economique des Ménages Urbains (2012) programme FAGEAC. ((https://www.researchgate.net/publication/280593223_Travail_familles_depenses_comment_les_menages_s%27organisent-ils_a_Cotonou)

 Le poids des tâches ménagères inégales sur la scolarité des jeunes filles. 

« Moi, c'est Liliane, Lili pour les intimes. Je suis élève en classe de quatrième dans un collège de la place. Contrairement à mes deux frères qui me dépassent respectivement de 2 ans et 4 ans, il faut que je me réveille à 4h du matin. Après avoir révisé un peu mes cours, je dois entrer en cuisine, faire la vaisselle, le petit déjeuner, puiser de l’eau… avant d’aller à l'école. Mes frères eux ont juste le salon et la terrasse à balayer, même ça, ils le font mal. Une fois rentrée des cours, il faut que je fasse la cuisine, que j'aille chercher de l’eau à la pompe et que je range la maison… Il faut que tout soit prêt et clean avant que maman ne rentre sinon elle va me gronder et me répéter sa fameuse phrase “est-ce que c’est comme ça que tu vas faire chez ton mari.” Et cette phrase me donne de moins en moins l’envie de me marier, je refuse d’aller vivre la même chose chez un soi-disant mari. J’avoue qu'après une journée de cours et après avoir fait les travaux ménagers, j’ai du mal à lire mes cours et je reconnais que cela se ressent sur mon rendement scolaire. J'ai de moins en moins de bonnes notes en classe et bien sûr les reproches des parents ne manquent pas en ce sens. Je me demande si c’est ma faute. Je me retrouve à tout faire, pendant que mes frères ne font rien. Ils ont du temps pour les cours et les loisirs. Même les week-ends, moi, je dois faire la lessive de tout le monde, y compris les leurs, laver leurs douches et toilettes… Je suis plus une domestique pour eux qu’une petite sœur. Bref, c’est ma vie et je suis censée en être fière. »

Figure : Nature des activités domestiques effectuées par les filles scolarisées

Source : Kra Gérard Landry Konan, Doctorant, Département d’Anthropologie et de Sociologie, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) in European Scientific Journal November 2015.

Prenons conscience de ces inégalités et injustices quotidiennes

Tel est le quotidien de plusieurs femmes et de nombreuses jeunes filles dans nos sociétés. Pendant longtemps, la contribution de la femme à la réussite sociale/ professionnelle des hommes de sa vie a été invisibilisée et méconnue du fait qu'on lui assigne d'office ces tâches parce qu'elle est une femme. Nombreuses sont ces femmes qui sacrifient leurs études, carrières professionnelles, rêves, projets… pour celui de leurs hommes (mari, frères, cousins…). Avec un peu de recul, nous voyons que le travail de la femme dans le foyer est une activité à plein-temps et le fait que la femme s'en occupe entièrement permet à l'homme de pouvoir avoir plus de liberté professionnelle, du temps pour ces loisirs, etc. 

Prenons quelques minutes pour lister toutes les tâches que les femmes de nos vies (mère, sœur, épouse, tante, nièce, cousine…) font gratuitement pour nous en plus de leur profession ou étude : 

-        prendre soins des enfants ;

-        prendre soins de la maison, lessive, cuisine, vaisselle ;

-        s'occuper des personnes malades, des personnes du 3ᵉ âge…

Imaginons combien un prestataire prendrait pour réaliser les mêmes tâches… Mieux encore, imaginons notre facture en tant qu'entrepreneur qui se charge de ces tâches (je vous vois saler la facture). Le régime matrimonial togolais reconnaît les travaux domestiques comme une contribution aux charges du foyer lorsque l’un des conjoints ne travaille pas. Mais force est de constater que la réalité n’est pas la même dans nos foyers. La femme/la fille, grâce aux luttes et militantisme, a désormais accès à l’éducation, le droit de travailler et de voter, mais elle doit rester dans son rôle de base qui lui donne une place uniquement à “la cuisine”. Cela est pire que ce qui se passait dans l’ancien temps. Autrefois, la place de la femme était juste à la maison, mais aujourd’hui, en plus de contribuer financièrement aux charges de la maison, elle doit aussi s’occuper de tous les travaux ménagers. Un partage très inégal.

Lecture : 52% des individus qui contribuent aux dépenses de l’alimentation sont des hommes, 48% des femmes

Source : Enquête Activité Économique des Ménages Urbains (2012) programme FAGEAC. (https://www.researchgate.net/publication/280593223_Travail_familles_depenses_comment_les_menages_s%27organisent-ils_a_Cotonou)

 Notre appel pour un changement des mentalités et des comportements.

Chers hommes, dorénavant, avant de traiter une femme au foyer de personne improductive, réfléchissez-y. Elles contribuent beaucoup à l'économie de notre pays et du monde. Sans leurs sacrifices, vous ne réussirez pas, vous n’aurez pas autant de succès dans vos entreprises. Et si désormais, vous décidiez de les aider à s'occuper des enfants, à faire la cuisine et la vaisselle ? Chers frères, et si vous aidiez vos petites sœurs dans les travaux domestiques afin qu’elles puissent avoir plus de temps pour lire les cours et se divertir aussi ? Quant à vous, chers parents, éduquez autrement vos enfants, éduquez vos fils et filles de façon égalitaire, faites un partage égal des travaux ménagers afin de soulager vos filles, car leurs réussites sont aussi importantes.

Suivez Nos Voix Comptent sur les réseaux sociaux et les médias et devenez membre afin d'amplifier les besoins et priorités des filles et femmes d’Afrique subsaharienne francophone. 

Par Grace SEKOU, Ambassadrice NVC, Togo

Précédent
Précédent

Regardez le webinaire du 27 avril 2023

Suivant
Suivant

Les coalitions d’actions: qui sont-elles et que sont-elles?