La femme rurale et ses droits dans les communautés locales: cas de la RDC

La situation actuelle en RDC

Dans les zones rurales, les femmes et filles dans les pays en développement sont les personnes les plus touchées, elles sont les plus marginalisées dans leurs communautés et dépendent principalement de l’agriculture, raison pour laquelle, elles sont d’avantage vulnérables car les effets du changement climatique ont un très grand impact sur leur productivité agricole et les techniques agricoles qu’elles utilisent sont destructeurs de l’environnement.   

En RDC, les femmes rurales particulièrement les autochtones prédominent dans la main-d'œuvre agricole (elles représentent 84 % - FAO 2022). Elles sont responsables de l'approvisionnement en bois de chauffage et en eau dans leurs familles et dépendent de la forêt pour plus de la moitié de leurs revenus. Malheureusement c’est aussi le groupe social qui est le plus marginalisé dans la communauté en raison des préjugés, des us et coutumes.

Dans la partie Est de la RD Congo, la zone de Rutshuru reste en grande partie occupée par les rebelles du M23, beaucoup d'hommes ont fui la région et les femmes qui sont restées sont souvent les seules à pouvoir entretenir les cultures. Mais à cause des conflits armés elles sont incapables de bien les faire et sont plus victimes de violences sexuelles et de violences basées sur le genre par les différents groupes armés nationaux et étrangers.

Les défis quotidiens des femmes rurales

Les femmes sont généralement les premières dispensatrices de soins aux enfants et aux personnes âgées, en temps de crise, elles perdent leur emplois habituels ou sont contraintes de rester à la maison. En l’absence d’un soutien adéquat de la part des pouvoirs publics, elles doivent souvent se battre seules et faire face à des conditions de plus en plus éprouvantes.

L'inégalité des genres et l'accès limité au crédits, aux soins de santé, à l'éducation et la disparition des commerces de proximité ou encore le recul de l'offre de transports collectifs constituent autant de défis pour les femmes rurales. La crise alimentaire et économique et les changements climatiques n'ont fait qu'aggraver la situation. Chaque jour, de millions de personnes souffrent de faim. En outre les guerres qui ont élu domicile dans la partie Est de la RDC ont aggravées la situation des femmes rurales en les exposant aux viols et aux VBG.

Image des femmes déplacées internes dans les sites de Kanyaruchinya en Territoire de Nyiragongo pendant l’activité du REFED/NK sur l’’Assistance directe aux déplacées internes.

L’accès aux ressources

L'accès des femmes rurales aux terres et aux autres actifs productifs, dont elles ont tant besoin pour assurer leurs revenus, leur alimentation et leur bien-être est souvent inéquitable, ce qui peut les exposer à d'autres formes de discrimination, dont principalement la violence. Leurs droits ne sont généralement pas respectés, même quand elles sont déplacées Internes (PDI), c’est encore pire car elles n’ont pas accès aux abris appropriés, aux latrines hygiéniques ainsi qu’a une bonne alimentation.  Elles ne connaissent pas leurs droits, ont un accès insuffisant aux ressources, aux services et à l'information pour pouvoir les revendiquer. 

Image des abris des déplacés internes dans le site de Kanyaruchinya en territoire de Nyiragongo/Nord Kivu, la majeure partie de délacés sont des femmes, des filles et des enfants.

Photo prise par Deborah Mupitanjia.

Leur participation aux instances décisionnelles

Les femmes représentent 46% de la population active, 70% de la main-d'œuvre et sont responsables de 60 à 80% de la production vivrière et de 100% de la transformation des produits agricoles.

Une pauvreté élevée à des inégalités qui entrave l’accès des femmes et filles rurales à l'éducation, en particulier pour les filles en raison des us et coutumes. L'implication des  femmes, leurs intérêts et préoccupations ne sont pas totalement pris en considération au moment des décisions .  

L'égalité de participation aux prises de décisions n’est pas seulement une simple question de justice et de démocratie et on peut y voir une condition nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en considération. Sans une participation active des femmes en général et de celles vivant dans les zones rurales en particulier, ainsi que la prise en compte de leurs points de vue à tous les niveaux de décision, les objectifs d'égalité, de développement et de paix sont impossibles à réaliser car pour un développement durable et harmonieux de notre pays, le niveau local doit avoir un accès équitable aux ressources et services offerts.

Notre appel aux acteurs et aux décideurs

En cette journée internationale dédiée à la femme rurale nous appelons tous les acteurs à mener plus d’actions sociales dans les zones rurales en faveur des femmes et filles. Les inégalités salariales, l’accès aux ressources et services demeurent un défi au niveau local et la crise humanitaire causée par les conflits armés dans la province du Nord Kivu affecte 85% des femmes rurales, leurs conditions de vie demeurent déplorables et nécessitent des actions et réponses humanitaires d’urgence.

Par Déborah MUPITANJIA

Ambassadrice NVC en RDC

Précédent
Précédent

Le droit à l’avortement : un enjeu de santé et de liberté

Suivant
Suivant

Webinaire ce 27 octobre: "Éducation inclusive et égalité des sexes : Le chemin vers un avenir équitable"