Santé pour tous, pour une réelle égalité au Congo

« Le capital humain, c’est-à-dire les hommes et les femmes en bonne santé constitue la clef active d’une nation pour son émergence et sa prospérité ». Car c’est dans des conditions sociales positives que germent les graines de la justice et de l’égalité.

Le 07 Avril 2023 est consacré à la 75e journée mondiale de la santé avec pour thème « La santé pour tous ». Cela nous donne l’occasion de revenir sur les avancées en matière de santé publique qui ont contribué à améliorer la qualité de vie des populations au cours des sept dernières décennies en vue d’une vraie égalité.

Les efforts en santé publique au Congo

Célébrer cette journée mondiale est pour nous une occasion d’appeler les gouvernements de nos pays africains à l’action pour relever les défis qui se posent aujourd’hui et qui se poseront demain encore en matière de santé publique comme source d’inégalités. Car, les pays africains en général et le Congo en particulier, n’offrent toujours pas des conditions nécessaires au maintien d’une bonne santé pour les populations. Les enfants et les femmes en sont les plus grandes victimes.

La République du Congo à la suite du PND (Plan national de développement) qui a couvert la période 2012-2016, a élaboré des nouveaux PND (2018-2022 ; 2022-2026) dont le but ultime est de protéger les populations de façon générale et les couches sociales les plus fragiles et démunies en particulier, notamment à travers les programmes de santé publique efficaces. Ainsi, pour honorer cette journée, il est impérieux de faire un état des lieux des avancés en matière sanitaires.

Rappelons que le Congo s'est engagé à travers sa Politique Nationale de Santé 2018-2030 à œuvrer pour améliorer la santé de ses populations en se dotant d'un système sanitaire performant, résilient et à même de garantir l’accès universel à des services de santé de qualité. Avec pour objectif de garantir aux populations un état de santé optimal pour soutenir durablement la croissance et le développement du pays. A ce jour, les résultats du premier Plan de Développement Sanitaire 2018-2022 qui en découle ne démontrent guère une amélioration des indicateurs de santé, notamment en matière de Santé Sexuelle et Reproductive, de planning familial et surtout de sécurité contraceptive.

Les fondements de ces difficultés sanitaires

Cette situation sanitaire difficile est due à de multiples raisons. L’une d’entre elles est qu’au Congo les centrales de distribution des produits médicaux ne sont présentes qu’à Brazzaville et Pointe-Noire, les deux plus grandes agglomérations du pays. Cette centralisation ralentit les structures rurales dans leur approvisionnement et réapprovisionnement à temps et en quantité nécessaire. En outre, les infrastructures sanitaires de base sont défaillantes et l’accès aux services de soins ainsi qu’aux médicaments est rendu difficile. N’oublions le trafic illégal des médicaments frelatés qui prévaut et qui n’arrange point le système de santé. A ces problèmes s’ajoutent l’accès et la fréquentation difficile pour les adolescents et les jeunes femmes enceintes des centres de santé à cause de la stigmatisation par les sages-femmes.

Le Congo reste un pays à fécondité élevée. L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est passé de 4,8 en 2005 (EDS-I) à 4,4 enfants par femme (MICS, 2014-2015) et un Taux Brut de Natalité à 41 pour 1.000 (EDS-II).  Cependant, en 2015, le ratio de mortalité maternelle qui était de 436 décès pour 100.000 naissances vivantes (MICS 2014-2015) a continué d’augmenter de 10 points par rapport aux résultats de l’enquête démographique de santé de 2012 (EDS-II) qui évaluait ce taux à 426 décès pour 100.000 naissances vivantes.

Le paludisme constitue encore un véritable problème de santé publique au Congo, puisqu’il constitue la première cause de consultation (54%), d’hospitalisation (40%) et de mortalité (42%). La morbidité proportionnelle du paludisme a augmenté, passant de 47,9% en 2012 à 54% en 2016. Le taux de séroprévalence du VIH dans la population générale en 2009 était de 3,2% avec des disparités d’un département à l’autre. Sur la basse de cette prévalence, on estime à environ 76 030 personnes vivant avec le VIH dont 28 997 ayant besoin d’un traitement antirétroviral.

Le nombre de cas de tuberculose pour 100000 habitants a enregistré une légère baisse passant de 382 en 2014 à 379 cas pour 100000 habitants en 2016. La prévalence globale de l’hypertension artérielle (HTA) et des maladies cardiovasculaires hors AVC est de l’ordre de 32,5%. Les cancers de la prostate et du sein demeurent respectivement les premiers cancers chez l’homme (43,1%) et chez la femme (50,5%). S’agissant du diabète, le taux de prévalence se situe autour de 16,2% en 2017. De toutes ces données, force est de constater que le taux de mortalité demeure plus élevé chez les femmes comparées aux hommes. (cf. PND 2026).

Pour tout dire, le Congo n’a atteint ni la cible retenue dans sa feuille de route nationale pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile 2008-2015 (390 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes), ni celle de l’OMD 5 (223 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes).

Les principales causes directes de cette mortalité sont : les hémorragies du post partum (40,9%), l’éclampsie (22,7%) et les infections du post partum et du post abortum (11,7%). Les causes indirectes qui représentent 15% sont principalement les anémies, les complications anesthésiques et l’insuffisance cardiaque.

D’après le rapport de l’observatoire des décès maternels néonatals, infantiles et de l’adolescence 2021, on est passé de 445 décès pour 100 000 naissances vivantes.

Les conséquences et les défis de cette situation sanitaire difficile

Conséquences : (i) la persistance du niveau élevé de la mortalité maternelle 436 pour 100 000 naissances vivantes) ; (ii) le niveau élevé de la mortalité néonatale, infantile et juvénile (68 pour 1000 naissances) ; (iii) la fréquence élevée des comportements à risque chez les adolescentes et les jeunes femmes.

Défis à relever pour renforcer le système de santé au Congo : (i) la persistance du niveau élevé de la mortalité maternelle ; (ii) le niveau élevé de la mortalité néonatale, infantile et juvénile ; (iii) la persistance de la mortalité élevée liée aux maladies transmissibles ; (vi) la persistance des maladies tropicales négligées.

Notre Appel en cette 75e journée mondiale de la santé

Nous pensons donc que célébrer la journée mondiale de la santé devient une nécessité dans la mesure où la santé pour tous constitue un appel à revendiquer le droit à la santé en tant que droit humain. C’est également un appel pour réaffirmer l’engagement envers les soins de santé primaires (SSP) en tant que pierre angulaire de systèmes de santé durables et résilients qui évoluent vers la couverture universelle et l'accès universel à la santé, ainsi que vers la réalisation de l'objectif de développement durable (ODD–3).

Ainsi, notre capital inaliénable le plus précieux étant la santé, disons toutes et tous nos voix comptent. Car la Journée Mondiale de la Santé est une célébration de la citoyenneté et de la communauté mondiale en vue de réaffirmer le droit pour chacun de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible en vue d’une réelle égalité.

C’est également l’occasion d’appeler les gouvernants et les partenaires sociaux à l’action pour relever les défis qui se posent aujourd’hui et qui se poseront demain en matière de santé.

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Par Crépin MADILA

Ambassadeur Nos Voix Comptent, Congo Brazzaville

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