L'exploitation des femmes des ménages à Brazzaville

Plus de justice sociale pour les travailleuses domestiques

La pauvreté et les inégalités au sein des pays et d’un pays à l’autre s’aggravent dans de nombreuses régions du monde. On trouve principalement des femmes parmi les 1,5 milliard de personnes qui vivent avec 1 dollar par jour au moins. A cela s'ajoutent les conséquences des crises économiques et sociales de ces dernières années qui ont été exacerbées par la pandémie de COVID-19. 

En effet, célébrer le 17ème anniversaire relative à la journée mondiale de la justice sociale, nous donne l’occasion de réaffirmer notre engagement à réaliser les ODD 8 ;10 et 16. Car, aujourd’hui nombreuses sont les femmes qui n’ont pas un statut social reconnu à cause de leur travail. Tel est le cas des femmes qui exercent dans les foyers en tant qu’aide-ménagère, encore appelées travailleuses domestiques ou employées de maison dont la profession est banalisée dans le pays.

Au Congo, du moins dans la capitale Brazzaville, la moitié des ménages ayant un revenu conséquent emploient des personnes assumant les tâches domestiques. Majoritairement constituée des femmes, cette main d’œuvre est l’une des plus exploitées et des plus maltraitées dans le monde du travail. Ces femmes qui sont en fait des héros dans l’ombre compte tenu du travail abattu, connaissent et subissent toutes formes de maltraitance (physique, psychologique et sexuelle ou encore des privations de nourriture), de discrimination (salaires bas et impayés de façon irrégulière, heures de travail excessivement longues, absences des périodes de repos). Le salaire minimum interprofessionnel qui garantit (le SMIG) à 90 000 fr CFA n’est pas respecté. Et les contrats de travail sont pour la plupart de gré à gré. Leur situation est presque chaotique, malgré l’existence de la Loi MOUEBARA n°19 du 04 mai 2022 portant lutte contre les violences faites aux femmes en République du Congo qui en son article 3 considère toute exploitation économique comme une violation des droits humains.

Selon une étude menée en 2019 par l’union des syndicats du Congo et l’association jeunesse pour le développement, soutenu par l’Union Européenne dans le cadre de son instrument pour la démocratie et les droits de l’homme dont l’objectif est d’améliorer les conditions de vie de ces femmes, il ressort plus de 300 témoignages de ces femmes ayant subis des violences économiques dans leur milieu de travail.

Cette situation est la résultante de la pauvreté en général que traverse notre pays. Et aussi du manque d’emploi. Les femmes pauvres à la recherche d’un bonheur social, sont obligées de se conformer à développer la culture du silence face à ces pratiques inhumaines qui dégradent profondément leur image. Ceci pour un gain économique qui ne satisfait pas leurs besoins vitaux.

C’est dans cette logique que le programme d’action adopté en 1995 à Beijing, lors de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, a identifié l’élimination de la pauvreté comme un des 12 domaines critiques sur lesquels la communauté internationale, les gouvernements et la société civile devraient porter leur attention.

Devant une telle évidence, la date du 20 février marquant la célébration de la journée mondiale de la justice sociale est donc porteuse d’espoir pour briser la culture du silence qui s’est enracinée dans le travail des femmes domestiques. Il nous faut une vraie justice sociale en portant haut le slogan suivant : ‘’justice sociale et vie décente pour toutes et tous’’. Car, à travers cette journée, il est question d’encourager les gens à voir comment la justice sociale affecte l’éradication de la pauvreté. Cette journée reconnaît la nécessité de promouvoir et de mettre en valeur la justice sociale. 

La justice sociale, en effet, est l’ensemble des efforts mis en place afin de s’attaquer aux problèmes tels que la pauvreté, l’exclusion, l’égalité des sexes, le chômage, les droits de l’homme et les protections sociales. Il s’agit de lutter contre la pauvreté, l’exclusion sociale, économique et au chômage.

A cet effet, il incombe à nous tous, membres de la communauté, de porter la voix de ces femmes domestiques qui pleurent et souffrent dans le silence afin de lutter contre ces violations flagrantes des droits humains. Cela nous permettra sans nul doute de contribuer à la construction d’une société plus égalitaire où les droits de chaque personne quelle qu’elle soit, où qu’elle se trouve, quel que soit son poste, sont respectés. 

Pour contribuer à l’éradication de ce phénomène nous invitons le gouvernement et la société civile à mettre en application les différents textes auxquels l’Etat congolais à ratifier et signer, notamment la charte africaine des droits de l’homme régis par le Protocole de MAPUTO.

Car, promouvoir la justice sociale est un enjeu considérable pour l’atteinte des ODD et constitue un levier majeur pour l’élimination des violences faites aux femmes. Nous croyons que la justice sociale est une question de revalorisation des droits humains, la dignité et la liberté d’expression pour les travailleurs et les travailleuses. 

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par Crépin MADILA

Ambassadeur NVC au Congo Brazzaville

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